Un mal être profond, qui ne cesse de prendre part indéniable dans ma vie et qui la paralyse d’une certaine manière, celui de prendre le risque de l’engagement avec moi-même et avec autrui.
S’engager dans des choix de vie exige l’aisance et la fluidité dans la vie elle même en premier, une vie qui confronte aux désirs mais également aux peurs et cela à tous niveaux : que ce soit familial, amical, professionnel et bien entendu amoureux…
C’est ainsi que les prises de risques sont annihilées selon la constante qui me pousse à ne rien démarrer ou bien à interrompre de prendre le risque de la voir échouer ou les décevoir de ne pas être à la hauteur ou pleinement satisfait.
Face à l’impérialisme du bonheur césariste prêché par une société revêche, il devient impossible d’étendre certains choix de vie car immergée dans la phobie du déboire aussi minime soit il, par l'effroi de se leurrer, par la crainte de regretter ou par la frayeur de miser sur un mauvais bourrin.. Comme si se leurrer devenait la pire infamie morale et affective, frappée du poinçon du opprobre, qui peut tellement délabrer l’image de soi. et si, et si,…
L’herbe serait-elle donc toujours plus verte ailleurs ?
Du coup, la peur de perdre ce que je ne possède pourtant pas encore, mais que je m’imagine vouloir tardivement, l’emporte et je me recroqueville sur moi-même.
Egocentrisme hautain ? Pénitence d’une liberté exaltée à maintenir au-dessus de tout ? Je préfère perdre par moi-même que prendre le risque de me sentir perdante et la morosité contingente devient un entendement lancinant et cruel !
Annuler à 16 heures le rendez-vous prévu à 17h, depuis 2 semaines … ? Décider à l’ultime instant de ne pas aller au dîner prévu avec les copains qui attendent…l’impulsion de débandade l’emporte excessivement sur l’engagement songé.
M’éloigner des autres c’est avant tout m’éloigner de moi-même et de ce qui est apte à me rappeler que je suis vivante
Briser un contrat, lâcher une promesse consacrée…c’est surtout omettre ce qu’il en échoira de l’Autre qui nous attend mais aussi on s’éloigne autant de ses propres valeurs fondatrices… ne plus s’ancrer dans sa propre parole donnée.
Besoin vital de renouer avec un simulacre de contrat moral qui sera indubitablement source de considération de l’autre et de moi-même.
Apaiser puis assaillir mes inquiétudes au lieu de les fuir me consentira à mûrir et de recouvrer davantage de sécurité intérieure.
Je me dois d’accueillir la vie comme succession de chapitres continus… Certains plus parvenus et finis que d’autres… certains plus allègres que d’autres.
Comment avais-je omis que nous nous élevons à partir de nos carences et de nos fiascos ?
Les pertes sont des passes pénibles mais elles ne sont qu’éphémères, y compris pour l’égo !!
S’engager c’est incontestablement harponner un péril important car celui de se donner crédit dans ses propensions à objecter la vie, à puiser le bon de chaque chose, à savourer le présent plutôt que de ne se figer à spéculer sur le futur, et particulièrement de… l’appréhender…
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